Lors de notre weekend au Havre, nous avons profité pour visiter l'appartement témoin de Perret, l'occasion de revenir sur l'Histoire du Havre après guerre, ainsi que la Narrow House de Erwin Wurm.

Cette visite débute par un point historique sur la situation du Havre à la fin de la deuxième guerre mondiale. En effet, suite aux nombreux bombardements, la ville est en grande partie détruite et de nombreux Havrais se retrouvent sans foyer. Un programme de reconstruction de la ville est donc confié à l'architecte Auguste Perret (1874-1954) afin de reloger ces habitants au plus vite.

Perret imagine une ville structurée et moderne pour apporter confort et praticité aux habitants. Pour cela, il reprend les anciens plans du Havre et standardise les bâtiments selon une trame de 6,24m de long. Ces modules peuvent se répéter à l'infini créant ainsi des immeubles collectifs. Là encore, Perret révolutionne l'architecture en proposant des îlots composés de quatre bâtiments dont un seul a plus de 4 étages permettant à chaque appartement de donner sur une petite cour et d'être traversé par la lumière et l'air.

Niveau façade, on retrouve de nombreuses fenêtres ainsi que des balcons filants.

Le secret de Perret pour un projet d'une telle envergure: le béton armé ! En effet, il considérait ce matériau comme étant économique, facile et rapide à mettre en place. Cependant, il ne se contente pas de le laisser brut, il s'amuse à le teinter avec divers procédés lui donnant ainsi une couleur beige au brun un peu doré selon la lumière.

La visite se poursuit donc dans l'appartement témoins, appartement entièrement reconstitué comme à l'époque.

Dans le hall d'entrée et dans la cage d'escaliers, c'est le béton armé que l'on retrouve aux murs et au plafond. Lorsque l'on rentre dans l'appartement, on tombe nez à nez avec une surprenante colonne en béton. En effet, dans ces constructions aucun mur n'est porteur, permettant ainsi de créer des grands espaces et de pouvoir les moduler comme on les souhaite. La structure porteuse se limite donc à cet unique pilier dans l'entrée que Perret décide de laisser volontairement à la vue car selon lui "Cacher un poteau est une faute", il fait partie intégrante de l'appartement.

L'appartement se compose de manière suivante:

- Côté rue : l'espace jour avec cuisine, séjour, bureau

- Côté cour : l'espace nuit (plus au calme) avec les chambres

- Au centre : l'entrée, les toilettes, le couloir, la salle de bain et le dressing

L'appartement doté de nombreuses fenêtres et avec des espaces ouverts est donc très lumineux.

Bien que cet aménagement, semble selon Perret être le plus optimale possible, l'appartement reste totalement modulable grâce à l'absence de murs porteurs et de tuyauteries (les gaines se situant dans les murs mitoyens et le chauffage dans le double plafond).

Lors de la construction de ces appartements, le mobilier n'était pas imposé car comme disait Perret : «L’intérieur de l’appartement ? Nu. Aucun décor fixe. Rien que des proportions justes. C’est à l’habitant de décorer son logis ; et j’imagine que ce décor sera variable. Contempler sans répit les mêmes formes, c’est entendre quotidiennement le même poète. Il y a de quoi le rendre odieux. L’architecte moderne saura mieux respecter la personnalité de l’habitant. »

Cependant, les appartements témoins proposés par Perret, étaient eux meublés avec le mobilier de l'époque afin de montrer aux visiteurs l'aménagement le mieux adapté à ces nouveaux logements.

Le mobilier est signé René Gabriel, Marcel Gascoin et André Beaudoin, décorateurs de l'époque. Les meubles sont fonctionnels et robustes, fabriqués en grande quantité et donc abordables.

Dans la cuisine, on retrouve l'électroménager des Trente Glorieuses comme la gazinière ou encore le réfrigérateur.

On poursuit avec un espace repas dans la pièce de vie donnant sur la rue ainsi qu'un coin salon.

Cette pièce est la pièce centrale de l'appartement puisqu'elle communique avec toutes les autres pièces de l'appartement permettant à la famille de se retrouver.

L'espace bureau se trouve à l'extrémité de l'appartement et pour plus de calme, il peut être fermé grâce à des cloisons coulissantes et pliantes (tout comme la cuisine).

Dans la chambre parentale (accolée à la salle de bain et au dressing), on retrouve des placards intégrés.

Enfin, la chambre pour enfants se compose de meubles signés Marcel Gascoin. 

Cette pièce pouvait aussi servir de salle à manger selon les besoins des habitants. 

Cette visite est un vrai voyage dans le temps et permet de se projeter dans la vie quotidienne des Havrais au lendemain de la seconde guerre mondiale.

En nous promenant, nous sommes également tombés sur l'oeuvre d'Erwin Wurm.

Cette étonnante maison étriquée de 18m de long et 1,30m de large représente la maison d'enfance de l'artiste.

A travers cette oeuvre, l'artiste dénonce les écarts de la société de consommation entre les différents foyers. En effet, il reproduit le souvenir de sa maison d'enfance, ici bien plus étroite que sa véritable maison, dénonçant ainsi la privation de certains foyers et la capacité à s'y adapter.

A l'intérieur, tout y est reproduit mais à la nouvelle échelle.

Le visiteur peut donc entrer à l'intérieur de cette sculpture et bien que celle-ci soit très étroite on s'adapte à la largeur pour la visiter.

Une visite ludique et attendrissante !